Archives mensuelles : juillet 2013

Je n’ai jamais réussi un examen d’entrée. Même à l’asile, ils n’ont pas voulu de moi.

Mes lecteurs ne sont pas sans savoir, j’en suis sûr, la situation du Mont-saint-Michel, joyaux de l’architecture, qui, autrefois au péril de la mer, est maintenant aux périls des sables. Ce qu’ils ignorent peut-être, c’est qu’une équipe composée de scientifiques mandatés par le gouvernement, s’est penchée sur la question et vient de proposer une solution pour le désensabler : Séparer les eaux du Couesnon pour les faire passer de chaque coté du Mont. Cette entreprise est vouée à l’échec : Depuis Moïse, plus personne n’a réussi un coup pareil. Il n’est pas interdit de penser que quelques Bretons, mus par la jalousie, ont participé à cette commission dans le seul but de la faire échouer. Heureusement, j’ai, en bon Normand que je suis, réfléchi moi aussi au problème et je vous envoie la solution que j’ai trouvée, dans l’espoir que votre notoriété me permette de lever les fonds nécessaires pour cette entreprise audacieuse. Répondant à votre impatience bien naturelle, je m’empresse d’expliquer mes intentions. Puisque le Mont Tombe, sur lequel est construit l’abbaye dédiée à saint-Michel, s’ensable par le phénomène naturel du comblement des baies, pourquoi ne pas démonter le Mont-saint-Michel pierre par pierre et le reconstruire sur le Mont Tombelaine, situé plus au large et donc moins sensible à cet ensablement. (Je prétends d’ailleurs que le lieu de culte originel était construit sur le Mont Dol, aujourd’hui au milieu des terres, et que ce que nous appelons aujourd’hui la fondation du Mont n’était en fait que son déménagement par l’évêque d’Avranches, confronté au même problème que nous aujourd’hui.) Seulement, me direz-vous, n’avez-vous pas pensé que le Mont Tombelaine est le dernier mont de la baie ? Que faire lorsque celui-ci sera à son tour menacé par les sables ? Eh bien, j’ai là aussi une solution, qui je l’espère sera définitive. Les moyens techniques manquent encore, mais on pourra mettre à profit le temps gagné par le déménagement du Mont pour les mettre au point. Pour bien comprendre ma solution, il est nécessaire de reposer la question : qu’est-ce vraiment que le problème posé par l’ensablement ? C’est que l’eau n’arrive plus au pied du Mont que par les plus fortes marées. Dans le même temps, à Venise, les marées apportent plus d’eau que la ville ne peut en supporter. Ce sont les Aquae Altae, ce qui en Latin veut dire les Hautes Eaux. La solution est alors évidente : pourquoi ne pas utiliser les eaux des Aquae Altae de Venise pour remplir à nouveau la baie du Mont-saint-Michel ? Nous ferions ainsi d’une pierre deux coups, en sauvant deux joyaux de l’architecture mondiale. Et puis, quel bel exemple de coopération européenne…