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Non, monsieur Eckert, vous n’êtes pas victimes « d’attaques d’une violence incroyable » !

1024px-Fleurcup_and_tamponsNon, M. Eckert, vous n’êtes pas victimes « d’attaques d’une violence incroyable » !

Naïvement, je pensais que la violence incroyable, c’était quand toutes les femmes se faisaient harceler dans les transports, dans la rue, au travail ou à l’université. je pensais que la violence, c’était les 83 000 viols de femmes chaque année. Que c’était quand l’État nie les viols en les correctionnalisant. Que c’était quand une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint.

Mais non, la violence, la vraie, c’est que des femmes osent interpeller un ministre (sur Twitter !)

Vous faites, parait-il, les courses pour vos filles et votre femme. La belle affaire ! Mais rappelez-vous que toutes n’ont pas un ministre comme père ou mari. Rappelez-vous que les hommes gagnent en moyenne 36% de plus que les femmes1 !

Oui, cette diminution de la TVA n’entraînerait qu’une baisse limitée à 30 à 50 centimes par paquets. Limitée, mais non négligeable. C’est ce principe qui a conduit à la baisse de la TVA sur les préservatifs.

Même cette chose minuscule (0,15% du CICE) est refusée ! Pourtant, malgré les positions de principe, les périmètres des taux de TVA varient chaque année. Quand ce ne sont pas les œuvres d’art qui passent de 10 à 5,5%, c’est la TVA sur les rencontres sportives qu’on créé. Qu’on créé, mais en supprimant deux impôts existants, histoire que les clubs en sortent gagnant, ce que vous même avez reconnu.

Vous avez reçu 25 tweets. « Le poids du lobbying » s’exclame une députée. On voit le résultat ! Il est clair que l’UEFA ou la ligue de football ne passent pas par Twitter pour n’être taxées qu’à 5,5%. Mais nous ne lâcherons pas. Les réactions suite au refus du gouvernement, dépassant de très loin tout ce qu’on aurait pu imaginer, montre l’importance du sujet. Ce n’est pas un lobby, c’est la moitié de la population française.

(1) Pour M. Eckert, c’est plutôt 445% de plus…

Présidente : celle qui préside, depuis 1835

DictionaryFrenchAcademy1835C’est une recherche que longtemps je n’ai pas faite, tant l’affaire me paraissait entendu. Dans la polémique Président/Présidente, l’Académie française donnait raison à Julien Aubert. Présidente ne désignait que la femme du Président, sinon ce n’était qu’un néologisme ou un médiévisme militant.
Après tout, que ces barbants barbons de l’Académie soient un peu réacs, la chose était entendue. Maurice Druon ne s’était-il pas exprimé, voilà quinze ans, sur le sujet ?
Et puis, je me suis demandé ce qu’en disait les dictionnaires.
Le Littré, d’abord, que j’aime beaucoup depuis qu’il m’a servi à séduire une agréable demoiselle1.
A l’entrée « Présidente » de ce dictionnaire de la fin du XIXe siècle ; voilà ce que l’on trouve :

1. Celle qui préside. La présidente d’une association de charité.
2. Femme d’un président. Madame la présidente. Madame la première présidente.

Ainsi donc, un dictionnaire ancien, qui fait référence, met en avant la femme qui préside et non pas l’épouse. Mais alors, qu’en est-il de l’Académie ?

Point d’entrée distincte dans la 9e édition de son dictionnaire, celle qui est encore en cours de rédaction. On y trouve une entrée commune, « président, -ente n. XIIIe siècle » Qui fait mention, naturellement, de la présidente en tant qu’épouse du président, mais pas seulement. Au détour d’un exemple, il y a bien Le président, la présidente d’une association, d’un club, d’une fédération. Alors certes, ce qui est valable pour une association ne l’est sans doute pas pour l’Assemblée Nationale, mais tout de même…

Ne nous arrêtons pas en si bon chemin, puisque s’il y a une neuvième, il y eut une huitième édition, en 1932. Qui, tiens, comporte une entrée « Présidente » :

PRÉSIDENTE. n. f. Celle qui préside une assemblée, une réunion. Elle est la présidente de cette œuvre de bienfaisance.
Il se dit aussi, en certains cas, de la Femme d’un président. Madame la présidente. Madame la première présidente.

De mieux en mieux. Non seulement la présidente est bien la femme qui préside, mais l’épouse du président ne se dit qu’en certains cas.
Les sources sur Internet sont lacunaires, mais, lors de la 6e édition, en 1835, nous avions déjà la femme qui préside. Finalement, mon bon vieux Littré ne faisait que suivre les préceptes de l’Académie.

Il est assez cocasse que cette dernière, dans sa mise au point récemment publiée, ne dise pas un mot de Présidente, pourtant l’objet du débat, alors qu’elle précise accepter depuis 1935 Bucheronne ou factrice…


1) Point de contradiction : si le générique impose un Madame, les particulières que je séduis sont toujours demoiselles à mes yeux.


Illustration : première page de la sixième édition du dictionnaire de l’Académie française, 1835. Wikimedia Commons