La Palestine est donc devenu un état « non membre », observateur à l’Organisation des Nations Unies. Contrairement à ce que pouvaient laisser croire quelques campagnes médiatiques, la Palestine n’est pas devenue le 194ème membre de l’assemblée. Une initiative en ce sens avait bien été lancée par Mahmoud Abbas, mais, nécessitant l’accord du conseil de sécurité, elle était vouée à l’échec.
Etat observateur, tout comme l’est le Vatican et deux petites îles du pacifique. Tout comme l’était la Suisse jusqu’en 2002. Quelque chose me dit malgré tout que le passage du statut d’observateur à membre à part entière se fera davantage dans la douleur que pour la Confédération Helvétique.
Plus que le résultat du vote lui-même, ce qui est intéressant, c’est de regarder la petite évolution par rapport au vote sur l’entrée de la Palestine à l’Unesco. En tenant compte des abstentions, les votes en faveurs de la Palestine sont passés de 62 à 73% des votants. Sans en tenir compte, de 88 à 93%.
Comme pour prouver à tous qu’il ne cherche pas la paix, Israël a annoncé dès le résultat du vote la construction de trois milles nouveaux logements dans les territoires occupés, forçant même les États-Unis à déclarer que cette politique israélienne était un obstacle à la paix.
De fait, qu’il s’agisse de territoire ou de politique, Israël vise à la destruction de toute structure palestinienne, en étant toujours sur le fil du rasoir pour éviter de trop grosses réactions des pays occidentaux. Pourtant, Israël ne fera pas la paix seule.
Quelque soit la solution finale envisagée, à un ou deux États, la reconnaissance de la Palestine par la communauté internationale est une bonne chose pour la paix. Une fois celle-ci acquise, même si l’hypothèse aujourd’hui paraît lointaine, rien n’empêcherait les deux États de fusionner. Des précédents existent.
Paradoxalement, un des grands perdants dans ce vote, c’est l’Union Européenne. Alors qu’il existe une « Haute-Représentante » pour les affaires étrangères, elle se trouve complètement bloquée par les divisions des États de l’Union. Avec les mêmes évolutions en faveur de la Palestine que dans le reste du monde, les 27 ont réussi l’exploit, à l’ONU comme à l’UNESCO, de voter Non, Oui, et de s’abstenir en même temps. On notera malgré tout une (faible) majorité absolue en faveur de la reconnaissance officielle, mais quand on cherche à parler d’une seule voix, le résultat est cruel.
On peut espérer, en tout cas, que ce vote majoritaire incite la commission européenne à revenir sur sa décision et enfin distinguer clairement les produits qui viennent d’Israël de ceux qui viennent des colonies.