Cet article a été publié précédemment sur un libéblog tenu par Jeudi Noir.
Les nouvelles s’enchainent assez rapidement au 24, rue de la Harpe. Après le rendu du jugement du tribunal administratif, nous rendant expulsables le 23 mai sans même examiner toutes les pièces que nous avons présentées1, voilà qu’on vient d’apprendre en surfant sur le web, que le CROUS lançait un appel d’offre de travaux sur le bâtiment. (Les délais sont totalement intenables d’ailleurs, mais bon : le CROUS a laissé ce bâtiment vide pendant quatre ans, il faut bien que les entreprises se bougent un peu pour rattraper le retard…)
Au début, on s’est dit que c’était plutôt une bonne chose, qu’ils allaient enfin faire la résidence pour étudiants handicapés dont ils parlent depuis toutes ces années. Naïvement, on a même pensé que notre présence avait fait accélérer les choses. Et puis on a lu l’appel d’offre…
Désamiantage et curage du bâtiment. C’est le titre. En fait d’amiante, il n’y a que deux pauvres tubes en fibro-ciment qui ne présentent guère de danger pour les habitants. C’est la partie curage, qui est la plus intéressante ; il s’agit seulement de détruire l’intérieur du bâtiment pour le rendre inhabitable : enlever le mobilier, les faux plafonds, cloisons, réseaux divers… Et il y a les parpaings : Fourniture et pose de parpaings creux ép. 10 ou 15 cm – Joints tirés au fer – aux droits de toutes (fenêtres) côté rue et escalier.
Faisant confiance à notre capacité d’escalade, ils veulent tout murer, jusqu’au dernier étage. C’est vrai que s’ils ont une idée pour ce bâtiment, ils n’ont aucun projet précis : pas de programmes, pas d’architecte, pas d’autorisation de travaux…
Même s’ils voulaient loger des étudiants le plus tôt possible, il faudrait deux ans avant le début des véritables travaux. Mais peut-être qu’à sa façon, le CROUS a voulu dénoncer le manque de logement étudiant par cette œuvre d’art monumentale : 500m2 vides et murés de parpaings en plein cœur de Paris ? Ou alors ils sont jaloux du succès de nos chats : les trois habitants félins de la Harpe, qui aiment se prélasser au soleil, font le bonheur des (nombreux) touristes qui les prennent en photos.
Quoiqu’il en soit, alors que Valérie Pécresse demande des financements supplémentaires pour le logement étudiant, elle s’apprête à dépenser des centaines de milliers d’euros pour saccager un bâtiment et le laisser vide encore longtemps…
[1] La juge aurait d’ailleurs pu penser que le CROUS manque d’argent et nous condamner aussi aux 21 000 euros par mois que le CROUS réclamait. Sûr qu’ils auraient été bien employés.)