Cet article a été publié précédemment sur un libéblog tenu par Jeudi Noir.
Le 21 janvier dernier, nous avions profité d’un meeting de l’UMP à deux pas de la place des Vosges pour interpeller Valérie Pécresse sur les problèmes de logement en Ile-de-France, en particulier pour les jeunes. Comme les gardes du corps de François Fillon s’étaient invités (gentiment) dans la discussion, Valérie Pécresse nous a conviés quelques semaines plus tard sur sa péniche de campagne. A vrai dire, il n’y a pas eu d’annonces fracassantes. Enfin, presque, mais vous allez voir…
Nous étions donc reçus par la candidate et pas par la ministre, c’est-à-dire par celle qui fait les promesses et pas par celle qui est censée les tenir. Premier point, qui peut être réellement intéressant, elle ne veut pas faire de distinction entre étudiants, apprentis, jeunes travailleurs… Si elle devient présidente de la Région, elle veut construire des logements pour tous! Comme il y a un véritable manque de logements, il faut faire feu de tout bois (je vous passe le couplet « Huchon, l’a rien foutu »).
Une chance, elle est tombée sur un architecte –un vrai– Wilmotte, il s’appelle. Il propose de faire des petits cubes en bois, 13m2 pour les célibataires, 24m2 pour les couples. On pose le tout sur une barge placée en bord de Seine, comme ça pas de problème de foncier à résoudre. Il y a le même projet à Lyon. Cependant, comme dans Paris intra-muros, c’est un peu difficile de placer des barges sur tous les quais, Valérie propose un autre projet, de Jean Nouvel celui-là: un pont habité sur la Seine, du côté de Tolbiac. Au premier niveau, des commerces et restaurants qui financent la construction, au deuxième niveau un « Learning Center », et au troisième, 1000 chambres étudiantes. J’ai quelques doutes sur les 1000 chambres. Même en les montant sur 2 niveaux, ça nécessiterait de couvrir la Seine sur plusieurs centaines de mètres de long, sans parler des problèmes d’éclairage.
Bref, de grands projets, très beaux, censés coûter moins chers que des constructions classiques, mais qui sont plus de l’ordre du gadget que d’une véritable politique de logement. Quand on fait remarquer que c’est très bien de vouloir construire –c’est nécessaire– mais qu’on pourrait peut-être commencer par ne pas démolir, en donnant l’exemple de la Cité Universitaire Jean Zay à Anthony, Valérie Pécresse s’exclame « mais vous savez très bien que c’est un problème politique« , rappelle que le département des Hauts-de-Seine s’est engagé à remplacer les chambres démolies (où? quand?) et change de sujet.
C’est vrai, quelle naïveté de notre part aussi de vouloir parler de problème politique avec une tête de liste aux régionales, accessoirement ministre responsable des CROUS… Intéressons-nous plutôt aux vrais sujets! D’ailleurs, avons-nous un casier judiciaire vierge? Après tout, Jean Perrin, l’inénarrable président de l’UNPI (l’Union Nationale de la Propriété Immobilière) nous a bien comparés à des pirates qui prennent les enfants en otage dans les maternelles… Aussi, quand on émet un doute sur les engagements de la ministre, par exemple à propos des travaux du 24, rue de la Harpe qui n’ont toujours pas commencé plusieurs mois après la date prévue, elle est toute surprise et s’engage à vérifier ce qu’on lui dit, ce qui est très gentil de sa part. Enfin, on aborde presque au hasard le sujet de la Marquise, et là, on s’entend répondre que les habitants étudiants pourraient peut-être obtenir une chambre en CROUS jusqu’en août prochain… Quel dommage qu’ils ne l’aient pas obtenue en septembre dernier !
Image d’illustration issue de Wikimedia Commons